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KELLER, À Marianne.

Je ne connais pas beaucoup Mozart ; mais je trouve que votre mari parle avec facilité.

Il s’approche avec elle de la fenêtre. Herman et Juliette un peu en avant de la scène.
HERMAN, à Juliette.

Ah ! votre père est un grand artiste, mademoiselle ; il a le feu sacré, et vous êtes, j’en suis sûr, une élève digne de lui.

JULIETTE, intimidée.

Je fais mon possible pour profiter de ses leçons.

HERMAN.

Votre voix doit être l’expression de son âme et de son génie. Que je serais heureux de pouvoir vous entendre lire ces partitions, qui sont la propriété de votre père et la vôtre !

JULIETTE.

Mais non, monsieur ; rien de tout cela ne nous appartient !

HERMAN.

Mon père m’a donné toute la bibliothèque, et je ne suis pas digne de posséder des richesses musicales qui reviennent de droit naturel, de droit divin, à maître Favilla. (Juliette fait un mouvement pour se rapprocher de son père. Herman reprend avec une vivacité timide.) Vous ne comptez pas quitter la maison tout de suite… c’est impossible !

JULIETTE.

C’est mon frère qui fixera le jour…

HERMAN, troublé, faisant des efforts pour retenir la conversation.

Ah !… vous avez un frère !… oui, de votre âge à peu près ?

JULIETTE.

Du vôtre plutôt, je crois.

HERMAN.

Tant que cela ! Madame votre mère paraît toute jeune encore. Elle est bien belle, votre mère… et…

JULIETTE.

N’est-ce pas ? et si bonne !…

HERMAN.

Comme elle doit vous aimer !