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Scène V


KELLER, FRANTZ, HERMAN.


KELLER, irrité.

Monsieur Frantz, qu’est-ce que ça veut dire ? Pourquoi appelez-vous cet homme-là votre maître ?

FRANTZ.

Pardon, monsieur Keller, c’est…

KELLER.

Je suis le baron de… Keller, monsieur Frantz. Il n’y a que moi de baron ici !

HERMAN, prenant le milieu.

Eh ! mon père, ne comprenez-vous pas que nous venons de voir un brave homme qui rêve tout éveillé ?

FRANTZ.

Justement, monsieur Herman ! son idée est de se croire l’héritier.

KELLER, en allant s’asseoir à la table.

Ah bah ! c’est un maniaque ? Que ne le disait-il tout de suite ! je me serais diverti de sa manie.

FRANTZ.

Hélas ! monsieur, cela est tout nouveau ! c’était l’homme le plus sage… un grand talent !… et si bon !… M. le baron, qui l’estimait et le chérissait, l’avait pris ici avec sa famille…

KELLER.

Tiens, tiens ! c’est cet Italien, ce maître de chapelle, comme ils disent ?

FRANTZ.

Oui, monsieur, c’est maître Favilla, qui, à force de soigner, de veiller et de regretter M. le baron… Pendant quelques jours, on a craint pour sa vie ; il est guéri, mais il lui est resté cette malheureuse idée fixe.

KELLER.

Alors, c’est le chagrin de n’avoir pas été favorisé de quel-