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FAVILLA.

Ah ! que ne vous a t-il connu ! Une aimable, une noble figure ! Vous êtes artiste, je parie ?…

Keller, derrière, le regarde des pieds à la tête.
HERMAN.

Un peu.

FAVILLA.

Eh bien, si vous êtes les parents de mon ami, vous êtes les miens désormais… Je vous aime ! (Il leur tend les mains. Keller hausse les épaules et remonte au fond. Herman prend avec sympathie les deux mains de Favilla.) Et tout ce qui est à moi est à vous… Mais vous êtes dans l’aisance, m’a-t-on dit ?

KELLER, avec humeur, en descendant au milieu.

Dans l’aisance ! dans l’aisance !…

FAVILLA.

Seriez-vous gêné ?… Tant mieux ! je veux vous aider à rétablir vos affaires… J’ai connu le malheur aussi, moi ! Mais, voyez-vous, la fortune, ça vient, ça s’en va, on ne sait comment… Il faut avoir du talent, avant tout, et je vous en donnerai, Herman, je vous ferai travailler.

KELLER, à son fils.

Ah çà ! je n’y suis plus du tout, moi ! Est-ce que nous ne serions pas les seuls… ? (À Favilla.) Est-ce que vous prétendez être aussi parent du baron, monsieur ?

FAVILLA, assis dans le fauteuil où était Keller.

Son frère, monsieur, son frère !

KELLER, vivement.

Son frère ? Il n’en a jamais eu !

FAVILLA.

Son frère par l’esprit et par le cœur ! Ah ! pauvre ami ! ne pas pouvoir pleurer !

KELLER.

Diantre ! je le crois bien, que vous ne pleurez pas, si vous héritez !… Mais où sont donc vos titres ?… Depuis quand… ?