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FAVILLA.

Pas mal, merci… La tête un peu douloureuse, le matin surtout.

HERMAN.

Ah ! c’est fâcheux ! (À son père.) C’est un original, un habitué de la maison, probablement.

KELLER.

Il faut savoir, il faut voir ! (À Favilla.) Monsieur ! monsieur ! à qui ai-je l’avantage de parler ?

FAVILLA, le regardant avec un peu de surprise.

Ah ! vous ne me connaissez pas, mon ami ? C’est tout simple, vous êtes nouveau dans la maison.

KELLER.

Comment, nouveau ? J’y suis nouvellement installé, c’est vrai ; mais…

FAVILLA.

Vous y resterez longtemps, toujours, si nous nous convenons mutuellement. Oh ! mon Dieu ! moi, voyez-vous, je ne veux rien changer aux manières d’agir de mon prédécesseur. Il traitait avec bonté tous les fonctionnaires de sa maison ; il en faisait ses amis, quand ils en étaient dignes.

KELLER, irrité et jetant malgré lui un regard sur sa mise négligée.

Ah çà ! vous me prenez donc pour un domestique ? et qu’est-ce que ça signifie, votre prédécesseur ?

FAVILLA, qui est retombé dans sa méditation.

Vous dites ? Pardon, vous êtes mon domestique ? Je le veux bien, si c’est mon intendant qui vous a choisi. J’ai été souffrant pendant quelques jours, je n’ai pu m’occuper de rien, mais j’approuve tout ce qu’il a fait. C’est un digne homme et fort bien élevé ; ayez beaucoup d’égards pour lui, vous me ferez plaisir !

Il s’assied à la table.
KELLER.

Voyons, monsieur, vous moquez-vous ?… Je perds patience, et je vas…

Il va pour sonner au fond.