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FLAMINIO.

Je suis devenu actif et… productif, depuis une certaine leçon de la destinée… qui a brisé… et peut-être desséché mon cœur au profit de ma tête. Je suis très-sensé, à présent, et vous n’aurez plus de sermons à me faire.

LE DUC.

Ah ! tant pis ! tu ne seras plus confiant et dévoué !

FLAMINIO.

En amour, non ! En amitié, toujours ! Voyons ! vous avez sans doute perdu ce fameux procès…

LE DUC.

Au contraire, je l’ai gagné ! mes droits à la succession des Treuttenfeld sont reconnus hautement ; mais…

FLAMINIO.

Mais je comprends ! vous héritez du droit de payer leurs dettes !

LE DUC.

Voilà ! il m’a fallu vendre mes États en Allemagne, et, faute d’acquéreurs, les voir tomber à vil prix aux mains de l’infâme Kologrigo.

FLAMINIO.

Infâme ? pourquoi ça ?

LE DUC.

J’appelle infâme un homme à qui tout réussit contre moi, un homme qui s’est vendu au diable pour me gagner jusqu’à mon dernier sou ! Croirais-tu que j’ai parié contre lui, hier soir, à la réunion, et que j’ai perdu mes dix derniers louis ? Aussi j’étais venu ici ce matin, partagé entre deux idées, celle d’employer les vingt sous qui me restent à manger des œufs frais, et celle de piquer une tête dans le lac pour me débarrasser à tout jamais des tiraillements d’estomac et de la colère rentrée !

FLAMINIO.

Allons, allons ! me voilà, moi, pour vous tirer de l’eau ! Des idées de suicide ? à votre âge ? Fi !