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SARAH.

Non ! mais, si ce pauvre hère, comme vous l’appelez, n’avait pas eu plus d’esprit et de cœur que vous n’en eûtes ce jour-là, vous m’exposiez, vous me livriez à ses insultes.

GÉRARD.

Ses insultes ! N’étais-je pas là ?

SARAH.

Outragée par vous, je ne me fusse pas sentie vengée par vous.

GÉRARD.

Ah ! vous êtes cruelle, Sarah ! Savez-vous que votre amertume me ferait croire… ?

SARAH.

Quoi donc ? Dites !

GÉRARD.

Non ! je ferai mieux de me taire.

SARAH.

Oh ! je comprends de reste ! Eh bien, si cela était ? si cet homme m’avait semblé aimable, si je l’avais écouté avec plaisir ?…

GÉRARD.

Serait-il possible ?

SARAH.

Si c’était possible, j’en rougirais probablement vis-à-vis de moi-même ; mais vous auriez à en rougir devant moi et plus que moi !

Elle remonte à la cheminée.
GÉRARD.

Eh bien, c’est vrai. Si je le croyais, j’en serais si humilié !… si malheureux !… mais, comme c’est impossible…

SARAH.

Ah çà ! m’apportez-vous des nouvelles ? ma sœur vous a-t-elle écrit récemment ? Je suis inquiète d’elle.

GÉRARD.

Ah ! elle ne vous écrit pas ? Diable !