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ANTOINE, impatienté.

Oui, un courrier qui apporte une dépêche, à qui monsieur veut parler, et que je n’ai pas encore vu. Est-ce clair ?

FULGENCE.

Monsieur Antoine, vous le prenez avec moi sur un ton !…

ANTOINE.

Eh ! parbleu ! c’est vous-même qui le prenez sur un ton !…

FULGENCE.

Je ne suis pas encore votre gendre, monsieur, et j’ai le droit de m’inquiéter !… Je joue gros jeu, ici ! je joue mon honneur !

ANTOINE.

Ah ! qu’il faut de patience ! Es-tu fou, Fulgence ? qu’est-ce que ton honneur a affaire avec l’arrivée d’un homme qui apporte ici une lettre ? Allons, je vais moi même…

FULGENCE.

Vous voyez bien que vous vous méfiez aussi de quelque chose !

ANTOINE.

Va au diable, je n’y tiens plus !

FULGENCE.

Fort bien, monsieur ! Et moi, je vous dis que vos impatiences ne m’imposent pas. Je vous dis qu’un homme qui se cache, un homme enveloppé d’un manteau, un homme que les chiens connaissent, car ils n’aboient pas, un homme qui se glisse comme une ombre dans la maison…

ANTOINE, haussant les épaules. Il est près de la sortie sur l’antichambre.

Un voleur peut-être ?… Allons-y bien vite !

FULGENCE, avec ironie.

Vous raillez ? Prenez garde, monsieur Antoine, vous découvririez peut-être ce que vous ne voudriez pas savoir !

ANTOINE, à part.

Le fou me fait peur ! Serait-il possible ? Non ! (Haut, revenant.) Écoute, Fulgence ! veux-tu me dire une bonne fois, une première, une dernière fois, ce que tu soupçonnes et ce qui