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BIENVENU.

Comment !… Sainte Ursule ! elle refuse aussi celui-là ! Ah ! c’est trop fort, pour le coup, et cette fille est folle !… Eh bien, moi, mademoiselle, comme je sais que je suis incapable de me tromper, et que, du moment où j’ai dit : « C’est Valentin, » ça ne peut être que Valentin, je vous ordonne d’aimer Valentin, de l’épouser, et je vous défends de songer à aucun autre !

VALENTIN, regardant Pierre, qui est tombé assis sur le tronc d’arbre.

Doucement, maître… Quoi ! vous voulez la contraindre… ? Vous si bon !… Pourquoi la faire souffrir ? Est-ce que je pourrais accepter une femme dont le cœur ne m’appartiendrait pas ?

BIENVENU.

Eh ! quand je te dis qu’elle est folle de toi ! Comme c’est difficile à voir !

Pierre, assis et pâle, serre les poings et fait tous ses efforts pour se contenir.
VALENTIN, l’observant toujours.

Je vois tout le contraire, et Reine sait fort bien que, n’éprouvant pas d’amour pour elle, je ne peux pas songer à la tourmenter.

REINE, blessée au cœur et vivement.

Oui, oui, je le sais, Valentin. Aussi… de mon côté… (À Suzanne.) Parle donc pour moi !… dis tout ce que tu voudras.

SUZANNE.

Mon père… c’est pour la première fois certainement… mais vous vous êtes trompé. (Elle montre Noël.) C’est lui ! c’était bien lui ; nous nous en sommes expliqués tantôt tous les trois.

NOËL, stupéfait.

Tous les troisse ?

SUZANNE.

Oui, oui… j’ai bien vu que vous teniez à votre parole, et qu’elle m’aimait beaucoup, la pauvre enfant ! J’ai vu que tous deux vous alliez vous sacrifier pour moi… Eh bien, je ne