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Scène V

ALEXIS, FULGENGE.
ALEXIS.

Eh bien, monsieur Fulgence, à quand le mariage ?

FULGENCE, froidement et restant près du pupitre.

Dans quelques jours, j’espère ; le dernier ban est publié.

ALEXIS.

Ah çà ! dépêchez-vous ! car je vais aller à Paris, et je voudrais bien auparavant danser à votre noce.

FULGENCE, froidement.

Vous me faites honneur.

ALEXIS.

Je vous fais mon compliment. Vous épousez une belle personne, et douce et honnête ! Je suis son frère de lait ; sa mère avait été ma nourrice ; nous avons été élevés ensemble, ma sœur, elle et moi ; et… quoique ma sœur soit bien bonne, Victorine a toujours été la meilleure de nous trois. Vous ne trouverez pas mauvais que je lui fasse un petit cadeau de noces ? Je sors ce matin pour cela.

FULGENCE, avec roideur.

Quoi ! monsieur, ces vingt-cinq louis… ?

ALEXIS, souriant.

Cela ne vous regarde pas. Seulement, il me faut… j’aime mieux avoir votre permission pour offrir quelque chose à votre fiancée… et vous me la donnerez ?

FULGENCE, altéré.

Monsieur, si ma femme…

ALEXIS, riant avec un peu d’effort.

Ah ! vous l’appelez déjà votre femme ?

FULGENCE, tout à fait troublé.

C’est trop tôt, j’en conviens… Si mademoiselle Victorine…

ALEXIS, avec franchise.

Oh ! Victorine ne me refusera pas. Quand on est heureux,