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LE MAESTRO.

Son talent ! comme si elle en avait !

CAMILLE.

Raison de plus pour ne pas lui reprocher les innocentes compensations de la coquetterie.

LE MAESTRO.

Tiens, Camille, tu la gâtes, que c’est ridicule !

NINA.

Oh ! oui, par exemple !

CAMILLE.

Parle donc, toi, gâteuse d’enfants, qui nous as élevées toutes deux, avec quelle douceur, quelle tendresse, quelle patience !

NINA, pleurant.

Toi… tu m’en as récompensée !… Mais elle ! elle me fera mourir de colère et de chagrin !

LE MAESTRO.

Allons, allons, la sœur aînée ! ne vous montez pas la tête ; elle se corrigera… nous la corrigerons, que diable ! Il ne faut pas pleurer comme ça à tout propos ! Ça peut faire du mal à Camille, vos petites querelles d’intérieur. Songez qu’elle chante pour le public, à présent, et qu’il ne faut pas qu’une cantatrice ait des émotions en dehors du théâtre.

NINA, essuyant ses yeux.

C’est vrai… Mais si vous saviez de quoi Flora nous menace !

LE MAESTRO.

Eh bien, qu’est-ce qu’il y a ? Me cache-t-on quelque chose ici ? Je veux tout savoir, moi !

NINA.

Non, rien, des enfantillages ! Elle ne pense pas à ce qu’elle dit !

LE MAESTRO.

Si fait ! Il y a quelque chose… que tu me diras, toi… Mais, pour le moment… (se retournant vers Camille), allons donc rejoindre mon marquis. Il parait nous avoir oubliés.