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LE DOCTEUR.

Ce que j’en sais ? ce que j’en sais ? (À part.) Au fait, qu’est-ce qu’on sait jamais ?

VIOLETTE.

Vous ne savez rien du tout, vous n’avez jamais eu de femme.

LE DOCTEUR.

Jamais ! jamais !…

VIOLETTE.

Oh ! vous avez eu des amourettes comme un autre, dans votre jeune temps ; mais vous n’avez eu garde de vous marier. Vous connaissez peut-être bien la paille qui flambe, mais non point le feu qui dure ; et, de ce que vous avez eu l’amitié couarde, vous croyez que tout le monde a le cœur infirme !

LE DOCTEUR, à part.

Où prend-elle tout ce qu’elle dit ? (Haut.) Violette, tenez, VOUS avez la tête vive, je ne veux point vous écouter, ni prendre sur moi de vous faire risquer une folie.

VIOLETTE.

C’est donc une folie, à présent, d’épouser qui l’on aime ?

LE DOCTEUR.

Non, écoutez !… vous avez assez d’esprit pour comprendre, vous… Eh bien, il faut que tout soit assorti dans le mariage, le cœur d’abord…

VIOLETTE.

Eh bien, il en a, et moi aussi.

LE DOCTEUR.

L’esprit ensuite.

VIOLETTE.

Oh ! ça, il n’en a pas, ni moi non plus !

LE DOCTEUR.

Et puis la fortune.

VIOLETTE.

Au contraire : si l’un est pauvre et l’autre riche, ça se corrige.