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(À Pédrolino.) Jeune laquais, voyez donc dans ce bocage, si nous pouvons nous seoir sur les gazons.

PÉDROLINO.

Oh ! moi, je ne vous en empêche point.

PASCARIEL.

On vous dit de regarder s’il n’y a point quelque couleuvre ou scorpion dans les herbes.

PÉDROLINO.

Oh ! il y en a donc partout, des mauvaises bêtes ? Il entre dans le bosquet, voit la statue qui a le doigt sur ses lèvres. Il lui ôte son chapeau, interdit ; puis, répondant au geste de la statue par un geste semblable, il sort du bosquet à reculons.

PASCARIEL.

Eh bien, qu’est-ce qu’il y a ?

PÉDROLINO, indiquant la statue.

Il y a du monde.

PASCARIEL.

Ah ! quel imbécile ! pour avoir peur de l’estatue !

VIOLETTE, auprès de la fontaine.

Sachez que ce gars-là n’est pas un imbécile, monsieur Pascariel.

PÉDROLINO, se penchant sur la balustrade qui entoure le bassin.

Ah ! v’là une belle mare ! S’il y avait des canards dessus, on dirait celle de Récoaro ! mais ça paraît creux en diable !

COLOMBINE.

Prenez garde, mon enfant, il y a de quoi se noyer.

ISABELLE, à Violette.

Ah ! le doux murmure des fontaines est le réfrigérant de la mélancolie ; ne trouvez-vous pas ?

VIOLETTE.

Ma fine mamselle, vous en cherchez bien long ! M’est avis qu’un clair ruisselet qui gargouille à son idée dans la mousse et le cresson, cause plus raisonnablement que toutes vos idoles de jardin.