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larmes.) Si mon pauvre père vivait, ça lui ferait tant de peine !

PÉDROLINO.

Voyez donc, vous autres, quel cœur qu’elle a ! Elle me donne envie de pleurer tout.

LÉANDRE.

La tendresse de cette belle âme m’arrache aussi des larmes, (Il s’essuie les yeux.) C’est un motif de plus qui me détermine à lui offrir…

MARINETTE.

Ah ! palsanguienne ! monsieur Léandre, vous nous la baillez belle, de venir nous parler de vos cinquante ans et de vos vingt-cinq louis de revenu, quand nous avons peut-être des pistoles par millions et par milliers !… Allez donc faire rapetasser vos chausses qui crient misère, et vérifier vos parchemins qui ne sont peut-être pas de trop bon aloi ! (À Pédrolino, qui tient la main de Violette dans les siennes.) Pour ce qui est de toi, pauvre bâtier de paysan, tu vas me lâcher cette main-là, car tu n’y peux plus rien prétendre.

PÉDROLINO.

Ah ! mon Dieu ! c’est vrai, ça !… Mon Dieu ! mon Dieu !

VIOLETTE, lui reprenant la main.

Est-ce que tu dors, que tu dis des songeries ? Est-ce que tu me planterais là, si c’était à toi l’héritage ?…

PÉDROLINO.

Oh ! par exemple !

VIOLETTE.

Çà, mon fils, nous sommes fiancés, et bientôt mariés nous serons.

MARINETTE.

Jamais ! ou elle aura mon maudissement !

LE DOCTEUR.

Marinette, vous êtes une bête : cette fille est libre, elle est majeure, ce qu’elle fait est bien ; taisez-vous, et ne venez pas souiller votre vieille sotte d’ambition sur ces jeunes amours.