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MOLIÈRE.

Non ! point de médecins ! Point de secours autre que celui de vos cœurs… Du repos ! du silence ! Priez… priez autour de moi ! Dieu est ici comme partout… et les bigots ne le peuvent chasser de mon âme !…

Tous s’agenouillent ; les ouvriers s’agenouillent aussi autour de lui.
CONDÉ, lui tenant la main.

Il expire !… Mais voici un papier dans sa main… Une dernière volonté sans doute, et que nous lui devons promettre d’observer tandis qu’il respire encore. Lisez, monsieur Baron !

BARON, après avoir jeté les yeux sur la lettre.

Oh ! mon Dieu ! voilà ce qui l’a tué !

DUPARC.

Qu’est-ce donc ?

BARON, donnant la lettre à Brécourt.

Une lettre, une lettre folle et puérile, que j’écrivis à sa femme avant son mariage. Molière ! ô mon bienfaiteur ! ô mon père ! vos sens ne m’entendent plus et je ne puis me justifier, et vous allez mourir en me maudissant…

Il sanglote.
DUPARC.

Baron, es-tu coupable de sa mort ? Oh ! je te tuerais !

BRÉCOURT.

Non ! Baron n’est pas coupable. Il a aimé Armande ; mais il s’est vaincu lui-même, et, depuis le jour où elle a été la femme de Molière, Baron a été digne de Molière. Âme défaillante de mon ami, grande âme du meilleur des hommes, si tu peux encore m’entendre, que le courroux et la douleur te quittent ! Pars en paix pour un monde meilleur, et sache qu’autour de toi, en ce moment, il n’y a que des cœurs fidèles !

DUPARC.

Hélas ! il ne t’entend plus !

MOLIÈRE, se ranimant.

Si, si… je l’entends… Baron, viens sur mon cœur… Par-