laisser ici ma bourse en payement de mon pillage : je l’ai offerte à votre camarade, qui n’a voulu entendre à rien. Il a la tête un peu chaude.
Il est le plus doux et le meilleur des hommes, mais fier et très-brave, et ce caractère-là n’a rien qui vous doive surprendre ; car vous-même…
Eh bien, quoi ? Pourquoi me regardez-vous ainsi ?
Parce que je veux mourir, ou je vous connais !
Vous vous trompez ! vous ne me connaissez point.
Ce ton absolu, ce regard d’aigle, cette crinière de lion ! Oh ! pardonnez-moi, monsieur, je vous connais fort bien, et qui vous a vu une fois ne saurait vous oublier. (Haut.) Brécourt, je connais monsieur. C’est un galant homme un peu prompt. J’ai à lui parler. Servez le déjeuner, mes enfants, et mettez un couvert de plus.
Vous me connaissez, dites-vous ? Eh bien, le mensonge me répugne, et, même pour sauver mes destinées, je ne saurais m’abaisser jusque-là. Voyons, que comptez-vous faire ? (Il se retourne et regarde derrière lui.) Vous voilà trois hommes contre un ; mais vous devez savoir que, fussiez-vous dix, vous n’auriez pas bon marché de moi.
Fussions-nous vingt peut-être, je le sais. Ayez cependant assez bonne opinion de moi pour croire que je cède au respect beaucoup plus qu’à la crainte ; croyez aussi, monsieur, que ce n’est point votre rang qui m’éblouit, mais que c’est au