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ses folletés ! Non, Sylvain, non ; je n’ai rien dit, et je ne dirai rien. Tu ne dois point courtiser cette Claudie, parce que tu ne peux point l’épouser.

sylvain.

L’épouser ? Et où serait donc l’empêchement ? Est-ce que nous sommes riches pour que je cherche une dot ? Nous avons nos bras et notre courage au travail, et Claudie apporterait cette dote-là bien ronde et bien belle !

la mère fauveau.

Mais ton père a son idée contraire, et s’il se doutait de la tienne, il n’aurait point de repos que Claudie ne soit hors de chez nous.

sylvain.

Mon père ! Mon père entendra la raison !

la mère fauveau.

Pas sûr ! Depuis qu’il est certain que la bourgeoise a tout de bon du goût pour toi, il est comme fou de contentement, et si on venait lui dire que tu veux épouser Claudie, Claudie la moissonneuse, Claudie la servante, ça lui ferait une mortification !…

sylvain.

Mon père a la tête vive, mais non point dérangée. Il m’écoute toujours, quand je lui bataille tout doucement ses fantaisies. Mère, l’empêchement dont j’ai crainte, ce n’est point ça : c’est que Claudie ne m’aime point.

la mère fauveau.

Elle a toujours bien peur de t’aimer, puisqu’elle veut partir ?

sylvain.

Ou bien elle a peur d’être oubliée par un autre qui l’attend peut-être dans son pays.

la mère fauveau.

Ce n’est point chose impossible… Tu vois donc bien qu’il ne faut point te presser. Après tout, nous ne la connaissons point, cette fille ; ni elle ni personne de son endroit, excepté Denis Ronciat, qui dit ne point se souvenir d’elle. Nous l’avons gardée par charité sans nous informer de rien ; c’était