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vous faites céans, Claudie ? Si vous y êtes servante, il n’y a pas grand temps !

claudie.

J’y suis venue en moisson, et je m’en vas ce soir.

denis.

Vous êtes venue en moisson ! C’est donc vous cette fille qu’on m’a parlé, qui mène si bien la faucille ? Si j’avais connu que c’était vous ?

claudie.

Vous ne seriez point venu ici, aujourd’hui ?

denis.

Je ne dis pas ! Différemment sans doute que pour travailler comme ça, il faut que vous soyez un peu dans la peine ; et si vous êtes comme ça dans la peine, ça serait à moi de…

claudie.

Eh bien ?

denis.

Ça serait à moi de vous assister.

claudie, laissant tomber la serviette et le gobelet, et allant à lui. Avec fierté. Où auriez-vous donc pris le droit de m’assister, Denis Ronciat ?

denis, à part.

Diable, diable ! Je pensais qu’elle allait me rappeler ça, et la voilà qui fait celle qui ne s’en souvient tant seulement point. Ah ! ma foi, tant pis, je vas brusquer les choses, moi. ( Haut.) Ça donc, vous ne souhaitez rien de moi ?

claudie.

Rien du tout.

denis.

Ah ! vous êtes toujours fière ! Cette fierté-là ne vaut rien, Claudie, et j’ai dans mon idée que vous êtes venue ici pour tirer une vengeance de moi.

claudie.

Ça serait un peu tard ! Après cinq ans…