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tu n’étais pas comme ça quand on t’a chassé de la maison.

FRANÇOIS.

Puisque, par l’effet de votre bonté, j’ai été forcé de voyager, madame Sévère, c’est à vous que j’ai l’obligation d’avoir appris l’honnêteté ; et, s’il vous plaisait me laisser causer un brin avec vous, vous ne me trouveriez peut-être plus si mal éduqué que par le temps passé.

SÉVÈRE.

Tiens, il a appris à parler, ce garçon-là. (À part.) Et il est, ma foi, devenu joli homme tout à fait. (À Jean Bonnin.) Eh bien, qu’est-ce que tu fais là, comme un nigaud, à regarder les images de la cheminée ? Dirait-on pas que tu as froid ! il faut être plus dégourdi que ça quand on vient voir sa belle. Allons, éveille-toi, cherche-la dans le moulin ou dans le verger, puisqu’elle n’est point dans la maison.

FRANÇOIS, à Jean Bonnin.

Vous souhaitez voir notre jeune demoiselle ? Je crois bien qu’elle est allée jusque chez sa cousine Fanchon.

JEAN.

Diantre ! ce n’est point tout près d’ici ! C’est égal, je m’en y vas.

Il sort.
FRANÇOIS, à part.

Va, mon garçon, et tâche de la rencontrer.




Scène III


FRANÇOIS, SÉVÈRE.


SÉVÈRE.

Eh bien, qu’est-ce que vous avez à nous conter, le beau meunier ?

FRANÇOIS, d’un ton patelin.

Je voulais vous parler d’affaires, mais vous dites là un mot… Dame ! on vous en conterait bien, si on l’osait ! C’est que vous êtes diantrement belle femme, da ! vous n’avez