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FRANÇOIS.

Vous êtes donc bien fatiguée, demoiselle ? À vous voir si fraîche, je ne l’aurais point cru.

MARIETTE, montrant l’escalier.

C’est donc un tort à vos yeux d’avoir bonne mine ?

FRANÇOIS, s’approchant de l’escalier.

Non ; mais j’ai fait une comparaison de votre mine si brillante avec celle de la pauvre Catherine, et, que voulez-vous que je vous dise ?… j’ai pris plus d’intérêt à regarder la pauvre servante qui meurt comme un bon cheval sous le harnais, que la belle jeunesse qui reluit comme une aube au printemps.

MARIETTE.

Est-ce que Catherine s’est plainte d’être fatiguée ?… Pourquoi ne me l’a-t-elle point dit ?…

FRANÇOIS.

Le courage ne se plaint jamais ; c’est au bon cœur de deviner quand il souffre.

MARIETTE.

Et vous l’avez deviné ?… À ce compte, c’est Catherine qui a le courage, c’est vous qui avez le bon cœur… Et moi, qu’est-ce que j’ai ?

FRANÇOIS.

Vous avez votre beauté pour vous consoler du mal des autres.

MARIETTE, descendant les marches.

C’est tout !… Savez-vous, monsieur le meunier, que, si vous me dites mes vérités, j’en sais dire aussi, et qu’on ne me gagne guère à ce jeu-là ?…

FRANÇOIS.

Dites, belle Mariette, dites ce que vous avez au fin bout de la langue. Vous voulez dire que je suis un insolent de vous parler en ami, moi qui ne suis rien, moins que rien… un champi !…

MARIETTE, embarrassée.

Oh ! je n’ai pas eu l’idée de vous reprocher… Vous me