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Oh ! que non pas !… Tenez, quand j’ai appris la mort de votre mari… c’est pourtant un homme qui vous a causé bien des peines ; un homme très-dur et point juste, qui a mangé son bien et le vôtre avec une femme qui ne vaut rien ; un homme qui vous a reproché le pain que vous me faisiez manger, et qui m’a forcé de vous quitter !… eh bien, c’est égal, quand j’ai pensé qu’il était le père de Jeannie, je me suis dit : « Bien sûr que madame Blanchet le pleure comme une honnête femme et une bonne chrétienne qu’elle est. » Et, là-dessus, j’ai quasiment pleuré, moi aussi ; mais, alors, je me suis dit : « À présent, champi, ton devoir est de tout quitter pour aller servir celle qui t’a servi de mère. » Et me voilà ; et je ne m’en vas plus,… à moins que vous ne me chassiez !…

MADELEINE.

Ah ! bon cœur !… qu’as-tu fait là ?… Tu as quitté de bons maîtres et de gros profits pour une pauvre maison dont il faudra bientôt que je sorte moi-même ; car tu ne sais pas combien je suis dans la peine.

FRANÇOIS

Je m’en doute, et c’est pour ça que je suis venu. Allons, madame Blanchet, ayez fiance en moi ; je m’entends un peu aux affaires, grâce à vous, puisque vous m’avez fait apprendre à lire, ce qui est la clef de tout pour un paysan. J’ai du courage, de la santé, et ce que je veux est diantrement bien voulu. Laissez-moi faire, et ne vous tourmentez pas ; car, avant tout, je veux vous voir guérie.

MADELEINE.

Tiens !… tu me donnes si bon espoir, qu’il me semble l’être déjà.

JEANNIE, du dehors.

Où est-il, mon François ! Ah ! François ?