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et vous aimeriez mieux vos tabliers roses et vos coiffages à dentelles.

MARIETTE.

Est-ce que c’est gai, d’être toujours triste et de ne voir personne ?

CATHERINE.

Prenez donc patience un brin, demoiselle Mariette ; il n’y a pas un mois que votre défunt frère était là, jurant après ses ouvriers, et grondant à son moulin, comme le feu dans une grange à paille. Il me semble par moments que je l’entends encore.

MARIETTE.

Il ne faut pas mal parler des morts, Catherine.

CATHERINE.

Oh ! celui-là aurait tort de venir se plaindre, car, ni durant sa vie, ni depuis sa mort, personne ici ne l’a contrarié. Il a été soigné et choyé, dans sa maladie, aussi chrétiennement que s’il avait été un homme bien mignon, à preuve que sa pauvre chère veuve en est malade de fatigue… Mais, est-ce qu’elle ne m’appelle point ?

Elle entre chez Madeleine, dont la porte est entr’ouverte.




Scène II


MARIETTE, seule.

Il est vrai qu’elle a bien rempli ses devoirs ; mais, qu’elle soit malade ou non, elle n’est point gaie, la pauvre Madeleine ! Ah ! je m’ennuie, il n’y a pas à dire !




Scène III

MARIETTE, JEAN BONNIN, qui est entré à pas de loup, sans être vu de Mariette.
JEAN.

Oh ! la v’là !… Je ne lui veux point parler ; elle se fâche-