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FRANÇOIS LE CHAMPI


COMÉDIE EN TROIS ACTES


Odéon. — 25 novembre 1849.




À M. BOCAGE


DIRECTEUR DU THÉÂTRE DE L’ODÉON


Mon ami, vous me conseillez de faire précéder d’une courte préface la publication de la pièce de François le Champi. Mais je ne pourrai que répéter ce que j’ai dit dans la préface du roman dont cette pièce est le résumé : c’est que le rêve de la vie champêtre a été l’idéal de tous les temps et de tous les peuples. Depuis les pâtres de Longus jusqu’aux nymphes de Trianon, disais-je, les poëtes, les peintres, les musiciens, ont célébré la vie pastorale, donnant à chaque phase de l’existence de ce songe d’innocence et de bonheur les formes de la mode régnante.

Le sombre Shakspeare a fait des bergeries ni plus ni moins que le doux Virgile ; Cervantès, le Tasse, Molière et Jean-Jacques Rousseau en ont fait aussi. Il est donc bien certain que la vie des champs est le refuge de toutes les imaginations, et que tous les hommes, depuis le grand poëte que la nature inspire jusqu’au bon bourgeois que la campagne réjouit, ont besoin de se représenter l’âge d’or dans les siècles de fer.

Notre siècle a donné un autre caractère à la pastorale. On n’a plus fait des bergers, mais des paysans. Il en devait être