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bord à onze heures. Je m’excusai de ne pas partir avec lui sous le prétexte de faire un peu de botanique aux environs, et je le laissai remonter seul dans son canot.

— Il me laisse sur les bras une affaire très-ennuyeuse, me dit Pasquali en le regardant s’éloigner. Il n’en fait jamais d’autres, lui ! Toujours des histoires de femme ! Il faudra pourtant bien le tirer de ce pétrin-là. C’est un si charmant enfant ! Allons, j’y vais tout de suite, chez cette folle ; revenez par ici, je vous dirai ce qu’elle aura décidé.

Deux heures après, en marchant comme un Basque, j’arrivais à la forêt dite de la Bonne-Mère, au pied des montagnes qui terminent le promontoire au sud. Bien que le centre de la presqu’île forme un plateau assez élevé, les chemins sont si ravinés et si encaissés, qu’un piéton se fait peu d’idée du pays qu’il traverse. Un seul point sert presque toujours à l’orienter : c’est la montagne conique de Six-Fours, qui porte les ruines pittoresques d’une ville à peu près abandonnée. Je trouvai la marquise au rendez-vous, et Paul buvant du lait de chèvre chez le garde avec sa bonne, une belle vieille Bretonne que la marquise traitait comme sa compagne et menait partout avec elle. Marescat, le conducteur, avait fini de loger et de frotter ses chevaux ; il se disposait, selon sa coutume, à servir de guide pédestre et d’escorte à la famille.