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solus de m’en rapporter entièrement aux sages avis de M. Aubanel. Je ne pus cependant me défendre de lui demander si mademoiselle Roque était une personne digne d’intérêt.

— Je n’en sais rien, répondit-il. Elle a été élevée si singulièrement, que personne ne la connaît. Et puis… Permettez-moi de ne pas m’expliquer davantage ; je craindrais de faire un propos hasardé. Voyez vous-même si elle vous intéresse.

— Je ne sais pas pourquoi elle m’intéresserait, répondis-je. Vendez mon terrain, et renvoyez-moi le plus tôt possible.

Une difficulté arrêtait M. Aubanel. La petite propriété perdait beaucoup à être divisée. Il eût voulu me faire acheter l’autre moitié, ou tout au moins persuader à mademoiselle Roque, dans notre commun intérêt, de vendre sa part indivise avec la mienne. Il me promit de s’occuper de cette solution, et me proposa de m’emmener à Tamaris, où il devait se rendre le jour même ; mais je n’étais pas libre. Je promis de l’y rejoindre le lendemain.

Je m’y rendis cette fois par la Seyne, dont le port est à l’entrée nord de la presqu’île ou promontoire du cap Sicier. Tamaris est sur le versant oriental.

Ce coin de terre, où j’ai tant erré depuis, et que je connais si bien à présent, est la pointe la plus méridionale que la France pousse dans la Méditerranée, car la presqu’île de Giens, auprès des îles d’Hyères,