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bonne foi surprise, outrage passé, mais ineffaçable. Il m’a donné rendez-vous pour minuit, à la pointe du cap Sicier, et, à minuit, je l’attendais après avoir erré comme un fou toute la soirée.

» Il est venu à l’heure dite ; mais Pasquali me cherchait. Les gardes-côtes appelaient de tous côtés. Estagel lui-même était censé diriger les recherches. Il m’a dit de me tenir caché et d’attendre le moment où nous pourrions être seuls. J’ai attendu, et enfin, à deux heures du matin, nous nous sommes rejoints au bord de la falaise, dans ce terrible endroit que tu sais ! Là, il m’a dit :

» — Vous n’avez pas d’armes et je n’en ai pas apporté ; je ne veux pas de traces ni de soupçons d’assassinat. La lutte corps à corps va décider de votre vie ou de la mienne. Nous avons souvent jouté ensemble, et nous sommes de même force. Nous nous mesurerons là, sur le bord de la mer, et celui qui tombera tâchera d’emmener l’autre. La partie est sérieuse, mais elle est égale.

» J’étais forcé d’accepter les conditions, et j’étais si las de la vie en ce moment-là, que je ne songeais guère à discuter. D’abord je voulais me laisser tuer ; mais, en homme d’honneur, Estagel n’a voulu faire usage de sa force qu’en sentant la mienne y répondre. Trois fois il m’a gagné comme pour m’exciter à la défense, et trois fois il m’a retenu, attendant une résistance sérieuse. Je m’y mettais de temps en