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Elle avait appris des douaniers échelonnés sur toute la côte que la femme du brigadier de Fabregas était au plus mal. Elle comprit tout en voyant les petites filles et ma figure navrée et fatiguée.

— Ah ! mon Dieu ! dit-elle.

Et elle embrassa les enfants sans ajouter un mot et sans demander si on les lui confiait pour une heure ou pour toujours. Les douaniers du poste des Sablettes les prirent avec Paul et Nicolas dans une petite barque pour remonter le golfe jusqu’à Tamaris, et la marquise, ayant recommandé à Paul d’avoir le plus grand soin des pauvres petites, prit mon bras et revint avec moi par le rivage.

— Eh bien, lui dis-je, après lui avoir communiqué les faits en peu de mots, vous dormirez en paix maintenant ! Cette femme si altière et si vindicative, qui vous effrayait tant hier, s’est fait à elle-même sévère et cruelle justice !

— C’est donc là le sort des maîtresses de la Florade ? dit la marquise d’un ton indigné, mais sans donner aucune marque de douleur personnelle.

— N’accusez pas la Florade plus qu’il ne le mérite, repris-je. Il a été bien téméraire et bien léger ; mais son intention était bonne : il voulait, par l’amitié et des témoignages d’estime, ramener cette femme à la raison et détourner de vous sa vengeance.

— S’il en est ainsi, il ne m’a pas trompée ; mais