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— Oui, un peu ; maman l’a grondée.

Le brigadier savait apparemment comment grondait sa femme ; il prit Louisette dans ses bras, la força de relever la tête, et vit qu’elle avait du sang plein les cheveux et sur les joues. Il devint pâle, et, me la remettant :

— Voyez ce qu’elle a, dit-il ; moi, ça me fait trop de mal !

Il me suivit à la fontaine, où je lavai l’enfant ; elle avait été frappée à la tête par une pierre. Je sondai vite la blessure, qui eût pu être mortelle, mais qui heureusement n’avait pas dépassé les chairs. Je dépliai ma trousse sur le gazon, et je fis le pansement en rassurant de mon mieux le pauvre père.

— Ce n’est rien pour cette fois, dit-il ; mais, une autre fois, elle peut la tuer.

Et, se tournant vers l’aînée :

— Pourquoi s’est-elle fâchée comme ça, la mère ? Louise avait donc fait quelque chose de mal ?

— Oui, répondit l’enfant : elle avait trouvé ce matin une lettre par terre, dans notre chambre, une lettre écrite, et, au lieu de la donner à maman, elle en avait fait un cornet pour mettre des petites graines. Dame, aussi, elle ne savait pas, pauvre Louise ! Maman a vu ça dans ses mains, elle s’est mise bien en colère, elle voulait la fouetter ; alors Louise s’est sauvée, elle a eu tort ; maman a voulu courir, elle est tombée, elle a ramassé une pierre, et