Page:Sand - Tamaris.djvu/279

Cette page n’a pas encore été corrigée

— La pauvre femme est guérie de sa fièvre, dit-il, et je vous dois ça, que je n’oublierai jamais ; mais vous ne pouvez pas lui guérir sa mauvaise tête. Elle s’ennuie ou se tourmente toujours. Elle voudrait être une grande bourgeoise, ça ne se peut pas ! Quand elle voit des dames ou des messieurs, elle est contente ; mais c’est pour être plus fâchée après, quand elle se retrouve avec moi et les pauvres petites, qui sont pourtant gentilles, n’est-ce pas ?

Il me parla de la Florade.

— C’est un jeune homme comme il y en a peu, dit-il, aussi peu fier avec nous qu’un camarade. Lui aussi, quand il voit la femme de mauvaise humeur, il lui dit de bonnes raisons. Elle ne le prend pas toujours trop bien, mais elle l’écoute tout de même, et devant lui elle n’ose pas trop se plaindre et crier ; mais il ne peut pas être là toute sa vie, et, quand il y est, vous sentez bien qu’il aime mieux chasser ou pêcher avec moi que de la regarder coudre et de l’entendre dire qu’elle voudrait être une reine. Quelquefois il se moque d’elle tout doucement, et elle rit, et puis après je vois qu’elle a pleuré, et elle nous gronde quand la mer est mauvaise et que nous ne voulons pas la prendre avec nous dans la barque, ou quand nous restons à la chasse trop longtemps. Est-ce que vous ne pourriez pas la guérir de ces ennuis-là ?

— Vous pensez donc que c’est un malaise physique, un reste de maladie ?