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médecin ? Et peut-on être médecin du corps sans être celui de l’âme ? Pouvais-je renier ma tâche au moment où je la voyais le plus nécessaire ? Le mérite était mince avec une amie comme elle, qui m’avait accueilli avec confiance dès le premier jour, dont l’estime m’avait récompensé des labeurs de ma jeunesse, et dont les soins délicats et généreux m’avaient probablement sauvé la vie ?

Je ne sais ce que je lui dis encore. Elle ne pleurait plus, elle m’écoutait, les yeux attachés sur mes yeux, les mains endormies dans les miennes, les joues animées d’une sainte rougeur et les lèvres émues d’un sourire sérieux et profond. Tout à coup elle se pencha vers moi, et, comme si dans sa chasteté parfaite elle n’eût jamais rien pressenti de ma passion, elle posa sur mon front brûlant un baiser aussi tendre et aussi pur que ceux qu’elle donnait à Paul. Puis elle se leva en me disant :

— Vous m’avez fait un bien que je ne peux pas vous dire à présent ; voilà Paul qui vient. Allez-vous-en ; qu’il ne vous voie pas pleurer. J’ai beaucoup de choses à vous confier, ainsi qu’au baron, demain !… ou après-demain ! Mais, si vous voyez M. la Florade, pas un mot qui puisse l’enhardir auprès de moi. Dites-lui simplement de ne pas revenir ici sans ma permission ; rien de plus ! Au nom d’une amitié dont le pacte est aujourd’hui sacré, je vous le défends.

Elle alla au-devant de Paul. Je courus m’enfermer