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— Ne craignez rien, docteur, reprit-elle, je ne suis pas folle, et je ne veux de mal à personne.

— Je l’espère bien : le mal serait pour vous ! Mais pourquoi montez-vous à Tamaris ? C’est à la bastide Caire que je demeure.

— Je veux voir la dame ! Laissez-moi la voir.

— Pourquoi ?

— Je veux la remercier. C’est elle qui vous a dit de venir chez moi pour me guérir, vous savez bien ! C’est une femme bonne, on dit.

— Eh bien, venez la remercier, rien ne s’y oppose ; mais ne dites rien d’inconvenant, ou gare au médecin !

Je l’amenai sous la varande où madame d’Elmeval était assise, et celle-ci s’écria en la voyant :

— Ah ! bravo, docteur ! voilà comment il faut guérir les gens ! Je vous fais aussi mon compliment, madame, vous voilà redevenue charmante. Vous ne pleurez plus votre beauté, n’est-ce pas ? et, ce qui vaut encore mieux, vous ne souffrez plus ? Asseyez-vous et reposez-vous. Est-ce que vous êtes venue à pied ?

La Zinovèse fut imperceptiblement émue, mais sensiblement intimidée de l’accueil de celle qu’elle regardait comme sa rivale. J’en fus ému agréablement pour ma part. On se rappelle que la marquise connaissait l’histoire de la Florade avec cette femme, et je pouvais constater que, sans aucune préparation