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tout entourée de collines d’un beau plan et d’une forme gracieuse, avait les tons changeants du prisme. La houle soulevait encore quelques lignes blanches sur les fonds bleus du côté de la pleine mer ; mais, à mesure qu’elle venait mourir dans des eaux plus tranquilles, elle passait par les nuances vertes jusqu’à ce que, s’éteignant sous nos pieds dans le petit golfe du Lazaret, elle eût pris sur les algues des bas-fonds l’irisation violette des mers de Grèce.

— Voici, dis-je à mon guide, une des plus belles marines que j’aie jamais vues. Qui donc habite cette maison si bien située ?

— Une jeune veuve avec un enfant malade a loué Tamaris pour la saison ; car c’est ici le véritable endroit, jadis appelé le Tamarisc, qui a donné son nom au quartier. La petite villa appartient à un de mes amis ; mais, dans nos pays, on ne loue aux étrangers que pour la mauvaise saison, puisque les étrangers ont la simplicité de croire à nos printemps, et on ne prend sa propre villégiature qu’à la fin de l’été.

J’observai que, si la nature était belle en ce lieu, le climat m’y semblait effectivement bien âpre, et mal approprié aux délicats organes d’une femme et d’un enfant.

— C’est rude mais sain, reprit M. Pasquali. L’enfant s’en trouve bien, à ce qu’il paraît. Quant à la mère, elle ne m’a pas semblé malade. C’est une jolie