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pouvait s’en prendre à la marquise elle-même, et je cherchai un moyen de la rassurer.

— La dame de là-haut se marie, lui dis-je, mais ce n’est ni avec moi ni avec celui que vous pensez.

— Pourquoi m’a-t-il menti ?

— Je ne sais pas ; peut-être s’est-il imaginé…

— Vous mentez aussi, vous ; mais je saurai bien la vérité !

Et, poussant avec vigueur la mince barrière du jardin Pasquali, qui céda sous son impulsion nerveuse, elle s’élança sur l’escalier avant que j’eusse pu m’y opposer. Je l’y suivis à la hâte, mais j’avais déjà eu le temps de me dire qu’il valait mieux la surveiller que de la contraindre ouvertement. Elle était femme à s’exaspérer en se croyant redoutable. Je la rejoignis en riant, et, comme elle n’avait pas songé à se débarrasser de son grand panier, je le lui ôtai des mains et lui offris mon bras, en lui disant qu’elle se fatiguait trop pour mon service.

— C’est bien, c’est bien, répondit-elle, vous vous moquez de moi, ou vous croyez m’empêcher de faire ce que je voudrai !

— Je n’aurai pas la moindre peine à vous faire tenir tranquille, ma chère malade. Les médecins ne craignent pas les fous, et vous allez voir comment je m’y prends pour arrêter l’accès !

Cette menace mystérieuse et vague dont je m’avisais pour la frapper de terreur produisit son effet.