Page:Sand - Tamaris.djvu/238

Cette page n’a pas encore été corrigée

liés par des cordons de laine rouge, jaune, noire

— Eh ! mais précisément, je crois ! D’où savez-vous tout cela ?

Comme Nama s’enfuyait terrifiée, je la suivis pour lui adresser une verte semonce. Elle risquait, avec ses drogues de sorcier de campagne, d’employer à son insu des choses nuisibles et d’empoisonner son amie. Elle eut grand’peur, pleura et jura de ne pas recommencer. Je feignis de croire qu’elle n’avait eu d’autre dessein que celui de chasser de la maison les mauvais esprits et les funestes influences ; je ne voulus pas lui dire qu’après avoir demandé ces amulettes pour se faire aimer de la Florade, elle les employait maintenant pour faire aimer la Florade de la marquise. Je ne pouvais me défendre de sourire de la naïveté de cette fille, qui n’osait ou ne savait parler, et qui croyait faire merveille pour son protégé en versant ses philtres innocents à sa compagne.

— M’expliquerez-vous cette affaire mystérieuse ? me dit madame d’Elmeval quand je retournai auprès d’elle.

— C’est bien simple. Votre métisse est superstitieuse, elle évoque la vertu de certains dictames contre les esprits pernicieux de l’air, et, comme elle est ignorante, elle s’en rapporte à la science des charbonniers de la forêt, dont quelques-uns font métier d’enchanteurs.