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un riche maraîcher de la Seyne. Je fis une visite à la Zinovèse, et je la trouvai mieux. Mes calmants faisaient merveille. Elle avait recouvré le sommeil, ses yeux s’étaient un peu détendus, son regard était moins effrayant. J’évitai de lui parler de son moral, craignant de réveiller l’incendie, et je portai cette bonne nouvelle d’une amélioration sensible à la Florade, que je cessai de sermonner, dans la crainte qu’il ne revînt à ses commentaires sur mon propre compte. Je ne voulus même pas savoir s’il avait de nouveau aperçu la marquise, et je ne sus réellement pas s’il était retourné à Tamaris.

Toutes choses ainsi réglées, je me disposais à quitter la Provence et à faire ma visite d’adieux à madame d’Elmeval, lorsque je reçus du baron la lettre suivante :

« Mon cher enfant, je me sens assez fort pour quitter Nice, où je m’ennuie depuis notre séparation : mais tu me trouves encore trop jeune pour habiter le nord de la France. Puisque Toulon est un terme moyen, et qu’il y a toujours là de braves gens, puisque ma chère Yvonne, c’est le nom d’enfance que je donnais à la marquise, se trouve bien dans ces parages, je veux aller passer mes derniers trois mois d’exil auprès d’elle. Mon voisinage de soixante et douze ans ne la compromettra pas, et elle sait fort bien que je ne serai pas un voisin importun. Cependant je ne veux rien faire sans sa permission. Va