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— Comment l’appelez-vous ? me dit le garde-côte.

Épipacte blanc de neige. Et l’officier de marine, comment s’appelait-il ?

— Ah ! l’officier… C’était, dans ce temps-là, un enseigne à bord du Finistère ; je crois qu’il a passé lieutenant à bord de la Bretagne, mais je ne me rappelle pas son nom.

— Ce n’était pas la Florade ?

— Juste ! vous l’avez dit ; un charmant garçon ! Vous le connaissez ?

— Oui. Adieu, merci !

De déduction en déduction, j’arrivai, tout en marchant, à me persuader que la Florade devait être l’amant volage et maudit de la Zinovèse. Était-ce vraisemblable ? On le saura plus tard.

Et puis je pensai à l’existence de ces gardes-côtes, humble providence des navigateurs, si longtemps haïs et menacés par la population côtière. Il n’est pas de situation particulière dont l’examen ne produise en nous un retour personnel et qui n’amène cette question intérieure : « Si j’étais à la place d’un de ces hommes, quel effet en ressentirais-je ? » Et j’allais m’identifiant par la rêverie à cette rêverie continue de la sentinelle de mer, seule dans un endroit terrible, écoutant les arbres se briser autour d’elle dans les nuits sinistres, et cherchant à distinguer l’appel suprême de la voix humaine au milieu des sifflements de la bourrasque et des rugissements du