Page:Sand - Tamaris.djvu/124

Cette page n’a pas encore été corrigée

n’avait aucune espèce de soupçon sur elle. Il la jugeait plus inaccessible que les rochers de son poste, et sa confiance n’avait rien qui ne lui fît honneur à lui-même. On sentait en lui une droiture de cœur et une patience de caractère assez remarquables. Il ne s’exprimait pas mal, il lisait même quelquefois, et je vis dans la hutte un vieux volume dépareillé du Plutarque d’Amyot à côté de sa pipe.

— Mais vous ne faites plus de faction, lui dis-je, puisque vous voilà gradé ?

— Gradé et décoré, répondit-il en soulevant la capote qu’il avait jetée sur ses épaules par-dessus son uniforme. On m’a donné cela pour un sauvetage. Je ne le demandais pas. Quant au grade, il me dispense de la faction, et vous me voyez ici en remplacement volontaire d’un camarade qui s’est trouvé indisposé aujourd’hui.

Et il se mit à réparer la cabane, qui tombait eu ruine.

— Il paraît, lui dis-je, qu’on a peu de soin de ce pauvre abri, où certes il n’y a rien de trop.

— Ah ! que voulez-vous ! on s’ennuie de réparer ce qui tombe toujours ! Quand je faisais mon quart de nuit, je n’entendais pas rouler une pierre sans la relever.

— Vous y avez passé des nuits bien dures, n’est-ce pas ?

— Oui ! Une fois, — la guérite n’était qu’en terre