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Je me rendis chez la Zinovèse par mer jusqu’à la plage des Sablettes. Là, je renvoyai la barque et marchai devant moi, sur le rivage de la Méditerranée, me renseignant sur le poste des douaniers du baou rouge. On me dit qu’il ne fallait point passer le baou, mais regarder sur ma droite l’ouverture du val de Fabregas. Je passai le fort Blanc, puis un autre fort ruiné, et, par des sentiers d’un mouvement hardi, tantôt dans les pinèdes, tantôt sur la falaise rouge, je découvris dans un pli de terrain, au bord d’un ruisseau et près d’une petite anse très-bien découpée, la maison que je cherchais. Ces rainures dans la montagne, qu’on appelle trop pompeusement en Provence des vallons, sont produites par l’écoulement des pluies dans les veines tendres du roc ou dans les schistes désagrégés. Le ruisseau est à sec huit mois de l’année ; mais il suffit qu’il ait amené quelques mètres de terre meuble, pour que la végétation et un peu de culture s’en emparent. Le poste des douaniers était très-agréablement situé sur une terrasse dallée qui permettait de surveiller la côte ; cependant l’habitation adossée au roc ne regardait pas la mer, et ne présentait au vent d’est que son profil. Malgré cette précaution, j’y trouvai la température fort aigre. Une varande et des mûriers taillés en berceau ombrageaient la maison, ou plutôt les cinq ou six maisons basses construites sur le même alignement en carré long. Là vivaient