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était fermée. Un seul factionnaire la gardait. Rien ne paraissait éclairé, pas une voiture dans la rue. Un profond silence, la clarté terne des réverbères sur le pavé gras et glissant. Il était une heure du matin ; nous sommes revenus, Manceau et moi, par l’avenue Marbeuf, et nous avons passé derrière le jardin de l’Élysée. Même silence, même obscurité, même solitude. « Ce n’est pas encore pour demain », lui ai-je dit en riant, et, comme j’étais fatiguée, j’ai dormi profondément toute la nuit.


Mardi 2 décembre.

À mon réveil, à dix heures, Manceau vint me dire : « Cavaignac et Lamoricière sont à Vincennes, l’Assemblée est dissoute, le suffrage universel est rétabli. Cela ne me fit aucune impression, je n’y comprenais rien. Cela ressemblait à la suite des rêves baroques qu’on fait le matin et dont un vague souvenir vous reste au réveil.

Je n’ai compris qu’en lisant les proclamations.