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mobile du paysan, s’il comprend à peine l’intérêt collectif de la commune, s’il est indifférent à la cause nationale, s’il ignore l’importance et la valeur de ses droits politiques, s’il est prêt, dès aujourd’hui, à donner son vote au premier prétendant qui lui promettra l’abolition de l’impôt, si, d’ici à bien longtemps, il doit ignorer que dans une société bien constituée l’impôt est la richesse du pauvre, si enfin, il tient plus à la conservation de quelques pièces de monnaie qui représentent pour lui le salut de quelques jours difficiles, qu’à l’honneur de les sacrifier à un idéal politique qu’il ne comprend pas, à qui la faute, encore une fois ?

La faute en est au passé qui l’a tenu systématiquement dans un état d’infériorité morale. Elle est aussi au présent qui lutte pour faire triompher l’égalité, mais avec mollesse, inhabileté, impuissance. La faute en est surtout à ceux qui disent encore que le peuple perd à s’éclairer, et que la société est impossible avec le progrès. Heureusement ceux qui raisonnent ainsi sont désormais peu nombreux en France, mais ils témoignent du préjugé