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Nous avons quelque chose de mieux à faire, c’est de répondre à Proudhon, et, pour commencer, nous dirons que si l’article de Proudhon sur les gens de lettres était fait avec plus de soin, s’il avait exprimé toute sa pensée, il aurait prouvé qu’il a parfaitement raison en principe.

Nous ne sommes pas d’humeur violente et nous croyons qu’on peut être démocrate et bienveillant. Nous croyons même que pour être tout à fait démocrate il faudrait être charitable : ainsi en accordant que Proudhon a raison en principe, nous n’admettons pas qu’il ait raison en fait, et que tous les littérateurs n’aient fait que du mal sous le régime de la monarchie. Nous pensons, au contraire, que plusieurs ont fait beaucoup de bien et qu’en cela Proudhon a tort. Mais ils ont fait du bien en tant que littérateurs. Maintenant tous, croyants ou sceptiques, veulent jouer un rôle politique et ils en sont incapables, en cela Proudhon a raison, ils ne nous feraient que du mal.

Un poète, un artiste, un romancier sont capables d’avoir une idée et un sentiment vif,