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— Vous m’avez semblé faire trop bon marché du mal en le soumettant à des épreuves passagères.

— C’est que le mal, quelque monstrueux qu’il nous paraisse, n’est que l’ignorance du bien. C’est un aveuglement de l’esprit, que vous ne croyez pas définitif puisque, dès cette vie, vous le combattez chez les autres et en vous-même. L’esprit qui est dans l’homme est divin, mais il n’est pas Dieu. Il est borné et limité en vous ; il est une lumière qui marche et voyage. Libre, il se trompe de route et perd quelquefois sa lumière, en s’absorbant trop dans la vie organique, ou en s’isolant trop de cette vie. Il est lui-même une vie en travail qui prend ou perd de l’intensité comme tous les modes de la vie. Quelquefois même il s’assoupit au point qu’il semble disparu.

— Que devient-il dans la vie d’un fou, d’un idiot ou d’un criminel invétéré ?

— Ce qu’il devient dans vos rêves fantasques, dans votre sommeil accablé, dans vos cauchemars. Il fonctionne mal ou ne fonctionne pas d’une manière apparente. L’esprit a ses maladies, ses catalepsies, ses épilepsies comme le