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ouvriers, des bourgeois, des gardes nationaux et on y discute sans le moindre bruit, sans trouble.

Hier au soir cependant, un capitaine de la garde nationale en grande tenue, se croyant plus jeune de huit jours, s’est permis de traiter les domestiques, les ouvriers de canaille. Il ne trouvait pas de meilleur argument à opposer à ses contradicteurs. Il a été hué. Force a été au poste du Louvre de l’arrêter et de le faire sortir par le derrière. L’irritation s’est calmée aussitôt. Ce sont particulièrement des socialistes du club de la révolution qui l’ont protégé.

Ce soir on causait encore dans les groupes et c’était toujours l’organisation du travail qui faisait les frais de la discussion.

Partout on parle et on s’occupe des affaires publiques toute la journée.

Nous nous plaignions de l’indifférence générale il y a trois mois, c’est un grand pas de fait. Les ouvriers nous répondaient alors : « La politique n’est pas faite pour nous. Que nous importe un changement de ministère, cela nous donnera-t-il du travail ? Toutes vos discussions ne nous regardent pas ! »