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charmantes à lire sous l’accoutrement satirique. La voix haute est sublime, elle a victorieusement raison.

Mais il y a une troisième voix que le génie de l’antithèse n’a pas daigné entendre : c’est la voix juste. La voix sage, chantant absolument faux, a pu être facilement étouffée par la voix puissante.

Je me garderai bien de dire ce qu’eut chanté la voix juste, tout le monde le sent en soi, tout le monde s’est posé ce problème : entre deux frères qui s’égorgent, il est beau de se jeter pour les séparer au risque d’être égorgé soi-même ; mais, quand malgré soi on est resté debout entre les deux cadavres, doit-on traiter l’un de martyr et l’autre d’assassin ?

Ils se sont égorgés l’un l’autre ; martyrs tous deux ou assassins tous deux, il n’y a pas à dire. De tout temps, on a sanctionné l’un, damné l’autre, suivant l’idée qui leur a mis les armes à la main ; c’est que, bonnes ou mauvaises, les idées étaient définies.

Mais peut-on dire que, dans cette cause palpitante, l’idée ait vécu ailleurs que dans l’âme généreuse du poète ?