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était battu, injurié et souvent mis en prison. Cela se passait ainsi lundi.

Mardi on arrêtait encore.

Mercredi, c’était plus rare : un ou deux exemples ; jeudi à la fête de la fraternité, tout était oublié. Au commencement du défilé, la banlieue pousse quelques cris isolés : « À bas le communisme ! »

Le soir, il n’en était plus question.

Depuis ce jour une réaction se manifeste paisiblement. Non seulement, on ne menace plus, on n’injurie plus, on n’arrête plus les citoyens suspectés de socialisme, mais tout le monde discute avec eux.

Dans la cour intérieure du Louvre, devant le Palais national, stationnent depuis cinq ou six jours des rassemblements de quinze cents à deux mille personnes, fractionnés par petits groupes de sept ou huit citoyens. On y voit quelques femmes. On cause avec une fraternité et un calme parfaits. Partout on traite la question du travail, la question sociale. On n’y voit aucun système en présence, aucun parti pris. Chacun apporte son mot, son idée, son sentiment, son expérience personnelle. Il y a des