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par-dessus la politique, c’est-à-dire au point de vue social et historique. Fussions-nous vainqueurs, cette guerre à mort tuera l’avenir de l’Europe, et je sens que la paix est comme une volonté de Dieu qu’il faut savoir accepter. Si elle nous diminue dans le sens de la force matérielle, elle nous laisse toute notre valeur dans le sens moral. Voilà ce qu’une âme droite peut penser, ce qu’une bouche sans fiel peut dire sans crainte. La paix est désirable pour tous. Elle est un devoir, et les préoccupations pour la forme du gouvernement doivent venir après.

Quel sera-t-il ? La majorité n’est pas républicaine, je ne la crois pas bonapartiste non plus. Il nous faudrait du sang américain dans les veines pour comprendre que l’homme doit s’appartenir et se gouverner sans ivresse et sans colère. Mais comment exiger le sang-froid au milieu de telles crises ? Ah ! mon ami, nous avons bien souffert, dans le calme relatif où nous vivons encore ! Nous n’avons senti ni le manque d’argent, qui est pourtant une calamité immédiate, ni le danger de la misère qui s’étend par suite du manque de récoltes, manque d’ouvriers, peste bovine, commerce inter-