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Adieu, mon ami. J’envoie ma lettre par Londres. Puissiez-vous recevoir bientôt ces remerciements que mon cœur vous envoie. Je crains d’abuser de la délicatesse de nos communications en vous envoyant des lettres pour nos amis de Paris, et peut-être aurons-nous la facilité de nous écrire par une voie plus prompte.

À vous de cœur, pour moi et tous les miens.

G. SAND.


Paris, 30, rue Cambacérès.

2 février 1871.
Chère amie.

Je n’ai reçu qu’une lettre de vous, datée du 29 décembre. Depuis, nous sommes sans nouvelles de vous, bien que chaque semaine je reçoive un courrier assez considérable. D’un autre côté, moi, je vous écris souvent.

Sachez donc que tous vos amis se portent à ravir. J’ai encore vu Plauchut hier, en garde national pour ne pas en perdre l’habitude. Vos bibelots, vos objets d’art, votre Delacroix sont en sûreté chez lui, boulevard des Italiens. Du reste, vous retrouverez votre appartement de la rue Gay-Lussac en parfait état, bien que les bombes soient tombées dans les quartiers du Panthéon et du Luxembourg plus qu’ailleurs.

L’armistice est signé, mais nous ne nous en apercevons pas encore. On a toujours sa ration de trois cents grammes de pain — et quel pain ! — et trente grammes de viande de cheval. Heureusement qu’il dégèle.