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Donnez-moi des nouvelles ; amitiés de nous tous.

G. SAND.

Je ne vous parle pas de mes chagrins personnels. Deux de mes petits-neveux[1], mes petits-fils par le cœur, vont partir aussi.


Paris, 30, rue Cambacérès.

4 septembre 1870.
Chère amie,

Avant que les chemins de fer, coupés par les hulans prussiens, ne m’empêchent de correspondre avec vous, je veux vous envoyer un petit mot.

Quoi qu’il arrive, je resterai à Paris, car j’ai un pressentiment que les patriotes ne seront pas tous sur les remparts, et qu’il y aura des services à rendre dans les rues.

Oui, je crois à la guerre civile, et cela sous peu de jours, et si le siège se prolonge, nous assisterons à des scènes terribles. Je veux tout voir, tout entendre, et chercher à puiser dans ce spectacle inouï l’indice de ce que l’avenir réserve à la France.

Chose singulière, on ne semble pas se douter à Paris que quatre cent mille Prussiens sont à quelques lieues de la capitale. Si je vous disais qu’une partie de la population croit à l’heure qu’il est, que la guerre est termi-

  1. Les frères Simonnet, petits-fils d’Hippolyte Chatiron.