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vous débarrasse de bien des années mauvaises, infortunées ou coupables, mais on vous ôte l’heure de vérité et de justice que Dieu vous réservait peut-être, et cela c’est un crime dont aucune société humaine ne pourra jamais décréter la sanction. La vie de nos semblables est donc sacrée, parce qu’ils la tiennent de Dieu. Le meurtre, sous quelque forme qu’il se produise et s’ordonne, est donc le mal par excellence, le mal que mon âme réprouve et qu’elle ne peut jamais admettre comme une nécessité sociale.

Et pourtant, si nous sommes dans la guerre civile, il faut que Jacques tue ou soit tué.

Arrête, attends, patiente, pauvre malheureux Jacques ! Subis l’oppression et l’injustice encore une fois. Ceci ne sera pas long. Ce fantôme de despotisme qui se dresse va tomber de lui-même. Attends pour le renverser que tu sois fort. Quand on est fort, on est calme, on est clément. Soyez cléments ! cette parole d’un réactionnaire violent, brisé par le calme de mon attention, ne me sort pas de l’esprit.

On n’a pas besoin de tuer quand on est fort ; voilà pourquoi l’homme qui veut inaugurer ce