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donnes quand tu ne l’assassines pas par la misère et par la guerre civile.

Ah ! pauvre Jacques, grand-père et petit-enfant de la bourgeoisie et de la noblesse, comme tu es à plaindre et quel cœur de pierre il faut avoir pour ne pas t’adopter avec toutes tes erreurs, tous tes travers, toutes tes passions et tout ton malheur !

Jacques ! Jacques ! tu m’as fait bien du mal et j’ai bien souffert par toi dans le secret de mon âme. Mais je suis ta fille et ta mère, et si je ne sais pas vivre avec toi, du moins c’est avec toi et pour toi que je veux mourir.

Mais l’heure n’est pas venue, et cette crise d’aujourd’hui n’est pas celle où je voudrais voir ton réveil. Tu es irrité, tu as laissé le mal entrer dans ton cœur. Si tu secoues en ce moment tout ce que tu as voulu prendre et porter sur tes épaules, tu vas le briser et te trouver seul.

Ah ! je te croyais mûr aux jours de février ! Tes grands instincts triomphaient en ces jours-là, et ta masse fut sublime. Elle ne peut plus l’être aujourd’hui. Elle s’est laissé corrompre par la peur, par la souffrance, par la rancune,