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mort, que Baudin est tué, Esquiros blessé, Schœlcher ni tué, ni blessé, ni pris.

Ils m’ont dit des choses intéressantes, mais que je ne veux pas écrire. On est à tout instant sous le coup d’une arrestation ou d’une visite domiciliaire. On craindrait de compromettre quelqu’un, et tant de versions circulent d’ailleurs qu’on ne doit peut-être rien enregistrer jusqu’à plus ample informé. (Me rappeler un mot de Bastide à Schœlcher dans une circonstance intéressante).

Le rescrit du général Saint-Arnaud, commandant des forces militaires, affiché ce matin, est effroyable. Tirer sans sommation sur les attroupements, fusiller immédiatement tout homme pris sur les barricades. « La lutte est commencée dit-il, les ennemis de la famille et de la propriété, ceux qui veulent le meurtre et le pillage, sont désignés à l’exécration publique. Citoyens honnêtes et paisibles, restez chez vous. » On tuera pour vous, honnêtes bourgeois, ne vous mêlez de rien. Et pourtant le peuple ne bouge pas, si je suis bien informée. Les tentatives de barricades sont faites par des philanthropes de juin 1848. Quant aux rassemblements, c’est tout le monde